Les
pêcheurs appelés à épargner l'Atlantique Nord Les flottilles de pêche devront réduire de beaucoup leurs activités dans l'Atlantique Nord si l'on souhaite permettre aux stocks de poissons de se reconstituer, recommandent des scientifiques internationaux. Selon une étude rendue publique samedi, les prises des espèces les plus appréciées - notamment la morue, le thon et l'aiglefin - sont en diminution. Elles chutent même depuis 50 ans, en dépit des efforts soutenus consacrés à la recherche des eaux où évoluent ces poissons. Menée par un groupe de scientifiques spécialistes des questions halieutiques, l'étude trace un portrait peu reluisant de l'état actuel des stocks de poissons dans l'Atlantique Nord. «Ce n'est qu'en accroissant nos efforts que nous parvenons à maintenir le rendement (à son niveau)», a déclaré l'un d'eux, Daniel Pauly, de l'Université de Colombie-Britannique. «Mais il faut du poisson pour obtenir du poisson. Il est donc nécessaire de réduire de façon importante la productivité», a-t-il ajouté. Bien que le recul de la pêche commerciale ait paru régional en Nouvelle-Angleterre et à Terre-Neuve, les travaux de ces scientifiques tendent à démontrer que le problème touche en fait l'Atlantique Nord dans sa totalité. «Nous allons finir par ne plus prendre que de la méduse», a mis en garde M. Pauly. Depuis un demi-siècle, les prises ont en effet diminué de façon régulière malgré des activités de pêche ayant triplé durant la même période de temps, révèle l'étude. Les problème de la diminution des stocks halieutiques ne peut être réglé «une pêche à la fois, parce que les navires se déplacent», a par ailleurs affirmé Andy Rosenberg, spécialiste des questions de pêche à l'Université du New Hampshire, en Nouvelle-Angleterre. «Les efforts se poursuivent tout simplement à un autre endroit et les problèmes s'empirent», a-t-il ajouté. En plus d'une réduction de la taille des flottilles, une diminution - et éventuellement une abolition - des subventions gouvernementales versées à l'industrie de la pêche s'impose, a ajouté M. Rosenberg. «La seule solution est une action sérieuse et immédiate en vue d'une réduction du nombre des bateaux et de l'adoption d'une approche (...) tenant compte de toutes les espèces», a-t-il estimé. L'aquaculture croît de 11% par année depuis
le début des années quatre-vingt-dix, et vaut plus de 50
milliards de dollars américains, selon Seaweb, qui milite en faveur
d'un changement des pratiques de pisciculture. Seaweb veut que les gouvernements
encouragent l'élevage de petits poissons herbivores, comme cela
se fait traditionnellement en Asie, pour éviter de vider complètement
les mers et utiliser plus efficacement les ressources alimentaires. Il
faut de deux à cinq kilos de poisson sauvage pour produire un kilo
de crevettes, de saumon, de thon ou de morue, selon Seaweb. D'une façon
similaire, beaucoup d'écologistes considèrent que l'élevage
de bétail constitue un gaspillage de protéines végétales,
puisqu'il faut plusieurs kilos de céréales pour produire
un kilo de viande.
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